Densité, écartement au semis Quelle architecture de peuplement choisir pour ses maïs ?
La densité est le premier levier du rendement, attention donc aux fausses économies de semences. Quant à l’écartement, il peut être réduit, pour plusieurs bonnes raisons, dont la simplification du désherbage, et ce, sans risque.
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Diminuer, ou plutôt limiter, la densité de semis du maïs fourrage peut-être tentant pour plusieurs raisons. La première est l’économie de semences permise. Rappelons que l’achat des variétés hybrides est le premier poste des charges opérationnelles de la culture de maïs. On peut aussi vouloir un peuplement plus faible pour augmenter le nombre de grains, donc obtenir plus d’UF. Cela ne vaut que pour les variétés à grains dentés qui n’ont pas un nombre d’ovules par rangdéterminé à l’avance et qui offrent donc une possibilité de compensation en cas de sous-densité. Sur les variétés cornées, le potentiel de grains par épi est défini. Enfin, on pourrait logiquement diminuer la densité de plants dans des conditions agroclimatiques limitantes, notamment pour mieux résister aux possibles déficits hydriques.« Attention aux fausses économies », avertit d’emblée Arvalis. L’institut technique a réalisé plusieurs essais entre 2014 et 2016 qui ont confirmé, dans différentes conditions, les préconisations établies il y a plus de vingt-cinq ans (voir tableau).
Il est important de rappeler que la densité des plantes à la récolte est la première composante du rendement et de valeur UFL/ha, devant le désherbage, le stade de récolte ou la qualité sanitaire. Ensuite, la production de matière sèche est proportionnelle au rayonnement solaire capté par les feuilles. Les variétés précoces ont un nombre total de feuilles plus faible que les variétés tardives. Il faudra donc un nombre de plantes plus important sur les hybrides précoces pour obtenir une surface foliaire suffisante.
Peu d’impact de la densité sur la valeur alimentaire
Dans les essais d’Arvalis qui ont servi à actualiser les références, la réponse aux différentes densités, entre 80 000 et 120 000 pieds par hectare, a été, sans surprise, plus importante pour les hybrides très précoces : le rendement augmente de 0,42 t de MS/ha pour 10 000 plantes/ha supplémentaires. Pour les hybrides précoces, la réponse a été de 0,36 t de MS/ha et de 0,28 t de MS/ha avec les demi-précoces. Un rendement net peut être obtenu en déduisant le coût de la semence pour 10 000 graines/ha que l’on peut estimer à 0,18 t de MS/ha. En situation de stress hydrique de la culture, la réponse positive à la densité du peuplement est plus faible, voire nulle, dans les situations extrêmes. « Mais les incertitudes sur la disponibilité en eau ne doivent pas conduire à des révisions des densités à la baisse. Certes, en conditions défavorables, les densités plus élevées sont mal valorisées, mais n’entraînent pas pour autant de pertes de rendement. À l’inverse, si le climat estival est favorable au maïs, les densités faibles pénalisent systématiquement ce rendement. Et la perte est alors plus importante que l’économie de semences réalisée », explique Arvalis.
Toujours dans cette même plage de densité de 80 000 à 120 000 pieds/ha, les essais d’Arvalis ont permis de vérifier que l’impact de la densité sur la valeur alimentaire de l’ensilage reste relativement faible. « En tendance, la teneur en amidon et la digestibilité tige-feuilles sont un peu plus faibles sur les densités plus élevées. » Pour passer de la densité de plantes à la récolte à la densité de semis au champ, il faut tenir compte des pertes potentielles. « En situation favorable, avec un sol bien préparé et en l’absence de ravageurs en début de cycle, les pertes sont comprises entre 5 et 10 % au maximum. Le désherbage mécanique peut entraîner des pertes plus importantes et nécessite donc d’augmenter un peu plus la densité », note Arvalis.
Un interrang de 40 ou 50 cm n’influe pas sur le rendement
Le maïs est semé habituellement avec un écartement interrang de 75-80 cm, une distance établie pour des raisons de mécanisation. Car le maïs est traditionnellement une culture sarclée et il fallait un espace suffisant pour les bineuses. Une architecture de trois rangs sur trois mètres facilite le passage des matériels et la récolte avec des becs cueilleurs à chaînes. Réduire cet écartement, tout en respectant la densité de semis en lien avec la précocité des variétés, pourrait présenter plusieurs avantages agronomiques.
Tout d’abord une meilleure répartition des plantes car à densité égale, l’écartement sur le rang augmente. Cela devrait permettre moins de concurrence entre plantes pour l’eau, les éléments nutritifs, le rayonnement et apporter une amélioration du développement racinaire. Avec un écartement réduit entre rangs, la couverture du sol est plus rapide, dès 8-9 feuilles, ce qui diminue le salissement, facilite la gestion du désherbage et limite le risque d’érosion. Au-delà de ces considérations agronomiques, l’emploi d’un semoir plus polyvalent, utilisable sur plusieurs cultures compatibles avec un écartement de 40-50 cm (comme le colza, le tournesol, la betterave), permet de réaliser des économies sur le poste de la mécanisation.
La réduction des écartements de semis de maïs grain et fourrage a fait l’objet de plusieurs essais d’Arvalis. Ils vont tous dans le même sens : que l’interrang soit de 40, 50 ou 60 cm, les rendements sont comparables au classique 75-80 cm et cela quelles que soient les densités de semis. Il n’a pas non plus été observé de différences sur la valeur alimentaire des maïs fourrage. L’unique intérêt de réduire l’écartement serait donc l’optimisation du matériel de semis entre différentes cultures sans contre-indication pour le maïs.
Dominique GrémyDensités recommandées en maïs fourrage (plantes à l’hectare à la récolte) selon le potentiel attendu | |||
Précocité | Type de grains | Potentiel moyen | Bon potentiel |
Très précoces | Cornés ou cornés-dentés | 105 000 | 115 000 |
Précoces | Cornés ou cornés-dentés | 100 000 | 110 000 |
Précoces | Dentés | 90 000 | 105 000 |
Demi-précoces | Cornés-dentés ou dentés | 90 000 | 100 000 |
Demi-précoces | Dentés | 85 000 | 95 000 |
Source : Arvalis |
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